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Poétiquement cynique
Année 1812, Combourg.
« Les sifflets retentissent et les klaxons résonnent encore lorsque les jeunes écrivent sur les murs ce qu’ils n’ont plus la chance d’écrire sur leurs cahiers »
Dans ce brouhaha il y a toujours Pierre Parmankson qui hurle à tout va :
- « Aujourd’hui, en ce jeudi 26 janvier trois membres de l’organisation…voici les nouvelles, trois francs pour ne pas mourir idiot, n’hésitez plus ! Révolution est faite pour vous ! »
- « Bouge de la gamin, va vendre tes ragots ailleurs… »
C’est un p’tit gars sympa, y a pas à dire, peut-être un peu faux jetons, mais après tout on l’est tous un peu … ça va s’en dire pauvre bonhomme ses parents sont morts pendus sous ses yeux à l’âge de 9 ans, ces choses là ça marque…
Du coup aujourd’hui le voilà qui se coltine « Révolution », la gazette du moment, m’enfin… quand il faut vivre, on fait comme on peut, surtout en ces temps piteux.
Alors en total gentleman je lui donne toujours un petit peu plus de ce que je lui dois histoire de saluer son courage en ayant comme retour un :
- « Hey M’sieur Johns z’êtes bien sympa, que l’bon dieu vous garde. Dites, elle est jolie votre montre… »
Rhaaaa je vous jure ! C’est quand même quelqu’un ce gosse.
Ensuite il y a Marianne, la douce Marianne, notre couturière. Elle est magnifique, vous la verriez, une vraie fée qui tisse des ailes aux enfants lors des grands jours. D’ailleurs si ce n’était que ça, elle est d’une gentillesse incroyable, pire qu’un démocrate ! Je passe souvent la voir pour lui commander deux ou trois châles pour les enfants du père Haullier, notre voisin, et comme à son habitude avec un grand sourire elle m’accueille à bras ouverts :
- « Rhaaa saleté d’hypocrite ! Quesque tu viens faire ici ?! Combien de fois t’ai-je dis de ne plus mettre les pieds dans ma boutique ! »
(Mince, pardonnez-moi, là il s’agit de sa mère, la grosse bedaine au nez pharamineux, enfin la belle quoi…)
- « Enfin mère, un peu de tenue envers ce bon Monsieur qu’est Fernand Johns ! Voici votre commande, j’espère qu’ils vous plairont ! »
- « Vous êtes charmante Marianne, le rayon de ma journée ! »
- « Et votre femme ? »
- « Et ma femme ? »
- « Voici votre commande. »
- « Merci, c’est parfait ! Au revoir douce Marianne. »
Une vraie perle cette femme ! Après tout, la majorité des gens qui habitent ici, en cette belle ville de Combourg, sont vraiment agréables.
Le seul hic dans tout ça, c’est moi, ou du moins l’image que je dégage et que je donne à cet endroit. Prenons par exemple lundi dernier, 15h00, le jeune sculpteur qui se trouve être le fils du maire exposait sa dernière œuvre. C’était loin d’être moche rassurez-vous, mais lorsqu’il a commencé son discours, « Mon dieu ! », ma barbe en est tombée, mes chaussures m’ont fait du pied, mes cheveux tiraient grise mine, « Mon dieu… ».
« Voici mon œuvre qui s’intitule « Sans cœur » ! Bien qu’elle ne transmette aucunes émotions et qu’elle fût faite en vitesse sans la moindre envie, je suis fier de vous présenter ce chef d’œuvre »
Sans cœur ? Aucunes émotions ? Sans la moindre envie ?!
(Pouilleux, fils de crétin, monstre, patate anorexique !) C’est magnifique Monélas, vraiment ! …
Ce n’est plus à démontrer, j’aime définitivement cet homme !
- « Monsieur le maire votre un fils est un gé…un gé… un génie ! »
- « Ha ! Content que vous l’ayez remarqué ! Prenez-en de la graine l’ami ! »
(Prenez-en de la graine, l’ami, Mais tu vas voir…hmfff, « Sans cœur » hein? Carafe à fientes…
Bien au-delà de ces quelques compliments je suis un homme très droit et très sensé, d’ailleurs, le respect reste mon maître mot ! )
- « C’était un plaisir Monsieur le maire… »
- « Appelez-moi Francs voyons »
(Je vais t’en montrer des Francs moi, t’en auras pour ton gras l’ami !)
- « Alors à bientôt…Francs… »
Du coup je ne l’ai jamais revu, à mon grand désarroi, soyons-en sûr… Trêve de bavardage, assez parlé des autres, parlons de moi, je ne me suis pas encore présenté.
Je me nomme Fernand Johns, tyran, voyeur, pervers….écrivain. Je vis dans une petite baraque en bois que j’ai faite à l’aide de mes vieux os il y a de ça quelques années, ce n’est pas du luxe mais ça me permet de mener ma petite vie de troubadour. J’ai vécu à Combourg pendant un moment, un très court moment…disons que mon départ eu été plus rapide à faire que mon arrivée, tout le monde m’avait aidé pour repartir. Interdiction de vivre au village pour la raison que j’aurais violé la fille du tavernier, encore faudrait-il qu’il ait eu une fille, quand bien même, dans sa famille côté femmes tout tombe…trop mûres pour moi !
Voyez donc le respect, je vous l’avais dit, aucun pour moi.
Heureusement qu’il me reste ma famille ! J’ai deux fils Pierre, 12 ans et Paul, 13 ans, de vrais trésors. Leur mère Marjolaine, elle, est morte piétinée par son âne, quelle mort atroce, m’enfin faut le faire quand même, je vous l’accorde… je ne la regrette pas tellement. Elle n’était pas hideuse, au contraire mais, c’est le genre de femme qui demande le bout du monde, la lune, un je t’aime de temps en temps, difficile, trop capricieuse. Comme disait mon ex beau père : « Quand tu veux un belle fermière faut le cochon qui va avec » pourtant croyez-moi de ce côté-là…ça faisait bien marrer les mômes.
Il y avait quand même une qualité que les autres femmes n’avaient pas, c’était de respecter mon travail et ma façon de vivre, en fait …
- « Bonsoir mon homme comment qu’tu vas ? »
- « Ha, tiens, bonsoir Marjolaine, je racontais une histoire aux enfants… »
(Vvvvuarf, on ne peut même plus rêver tranquillement)
- « Les enfants ? On n’a jamais eu de rejetons »
- « Ha ? Dommage… »
- « Tu travaillais encore sur un projet de mort envers ma personne ? Tu es si romantique ! »
- « Je m’en vais, j’ai du travail… »
- « Quand tu reviendras je serai mariée à un autre homme ! »
- « (Avec ta dégaine ?! Laisse-moi rire …) A plus tard… »
Ce n’est pas la première fois que je pars pendant des jours, des semaines voir même des mois entiers pour mon plaisir et ma liberté. Comme dirait le sage enfant de 6 ans de mon frère :
« Faut bien s’éloigner des inconvénients qui nous accablent pour revenir saint dans un corps de toute beauté».
Il n’a pas tord, faudrait le présenter à ma femme, elle qui ne sort jamais.
Alors me voilà parti quelques sous dans une poche presque trouée, mon sac, ma plume et mes idées.
Il y a tellement de beaux paysages à visiter, de soleil à capturer, de bateau à encrer, d’ailleurs j’ai toujours rêvé de voir la mer et ses mystères, allons bon…14 juin 1812, Cancale.
«Cancale, liberté et couleurs des cartes postales, et les marchands de poissons, et le sourire des femmes au retour de leur époux, et les mouettes qui défèquent sur les pontons, tellement d’odeurs, de plaisir et de joies. »
Waouh, quelle ville ! Quelle splendeur !
Et ces dames très peu vêtues, et ces oiseaux, et ces chants, et ces parfums, exquis !
Je dois avouer que je suis quand même un peu perdu, ça change de Combourg et ces villages tout autour…Waouh, mouvementé !
Alors les jambes des femmes s’élancent comme une envie connue, et les mats des chalutiers dansent aux cieux lorsque les vagues s’engagent dans un combat de bleu perdu. Où donnez de la tête, il y a tellement à découvrir, tellement de beaux jours confondus, et ces couleurs ! Merveille…
Les rues sont pleines de monde, des danseurs par-ci et des chanteurs par-là, des mélodies divines et des chants régionaux, et des catins richement vêtues…
Il y a aussi le petit garçon d’une dizaine d’années avec son grand chapeau de capitaine assis là, à côté de moi, rabâchant sans cesse : « Plus tard je serai le plus grand des pirates, je serai fort comme mon père et les sirènes épouseront mon sillage pour ne pas perdre l’or que je sème à ma venue ! Ha Ha ! Les pirates, les pirates du Mont Cornu, Ha Ha les pirates… »
Et aussi, regardez ! Là sur la droite, cette femme qui pleure…qu’elle est belle.
Les gens d’ici on l’air d’êtres bien sympathiques, le boucher a une bonne tête, je ne crains rien, par contre la mienne est dans un triste état, quelle horreur.
Là n’est pas le problème après tout, plus les heures passent plus je me dis que je vais finir par dormir à la belle étoile. Après tout, les rues sont belles, les pavés confortables et la chaleur est présente même la nuit tombée.
Finalement c’est dans un cul de sac que je pense finir ma journée, un beau palace « Mats’lots pour la mère ! », original ! Trois pas, et voilà l’hôtesse qui me saute dessus :
- « Bonsoir cher M’sieur, il est bien tard, il nous reste justement une chambre et un bouillon, cela vous va ?»
- « Et bien heu… »
- « Alors c’est d’accord, installez-vous »
- « Merci madame… »
- « Pas de politesse ici, appelez-moi Francine ! »
(Pour l’accueil rien à redire, adorable cette femme ! Pour ce qui est de son bouillon cependant…passons. Je crois bien qu’au final le repas m’est resté sur l’estomac)
- « Voici votre chambre, j’espère que vous y dormirez convenablement»
- « Merci Francine, vous êtes bien aimable, bonne nuit à vous »
Que la nuit est belle ce soir, voilà encore ma pupille qui courre après les étoiles, émouvant…
- « Monsieur Johns, Monsieur Johns ! Malheur, réveillez-vous, la maison du boucher a pris feu ! »
- « Merveilleux ! Splendide, allons-y Francine ! »
Quel spectacle ! C’est d’une beauté, ces flammes, cette lumière, ce rouge ! Une feuille vite ! Quelle merveille, il faut que je dessine cette scène !
- « Mais, vous êtes ignoble ! »
- « Non je suis un artiste, le futur ! Ha ha, magnifique !»
- « Ma maison, mes bœufs ! Haaaaa…rrrmff (En séchant ses larmes) »
- « Cuit à point qui sait attendre ! Ha ! Elle est bonne ! Ha ha ! »
- « Et vous trouvez ça drôle ! Vous êtes minable…et il fallait que la foudre tombe sur ma maison !»
- « Quel éclair de génie ! Ha ha ha … ! »
- « Monsieur, veuillez nous suivre »
- « Pas drôle… »
…
Tagalac, tagalac, joli bruit que le fer sur le sol, que la nuit est belle ce soir, voilà que le ciel s’est paré d’une lumière vermeille et dorée, merci…boucher.
- « (Les gardes me jetant à terre) Ne remettez plus jamais les pieds dans cette ville, manant ! »
- « Oui, oui, et le merci pour avoir mis un rayon d’humour sur vos tristes mines ? »
Me voilà chassé de la ville, c’est un comble, une deuxièmes fois, mais ces gens-là n’avaient vraiment pas d’humour. Je suis ignoble, minable, manant…ça sonne bien ! Voyons voir, la prochaine ville la plus proche est Saint-Coulomb, et bien, j’imagine la tête du saint, mais pour l’instant j’erre sur les routes avec un demi-pain et ma gourde…
Voilà le jour qui se pointe déjà à l’horizon, quelle beauté, et les coucou me saluent, et ma femme…Marjolaine ?! Et en carrosse en plus ?!
- « Mais que fiches-tu ici bon sang ? »
- « Tiens, Johns, bien comme tu le vois je suis avec mon nouvel époux, un homme charmant et de bonne classe, voici Bernard de Grande court »
(Pauvre homme, lui aussi il ne doit pas être aidé…)
- « Rrffmm, atchoum! Bonjour Jo…joh…johns, atchoum! »
- «En effet, quel homme…»
- « Pardon ? »
- « Je vous excuse, et au revoir. On se revoit dans quelques mois à la maison Marjolaine ! La bourgeoisie te va encore plus mal !»
Et les voilà qui repartent comme ils sont arrivés, s’engouffrant au fond des bois, et puis …
« Et si les arbres parlaient ?
Le vent leur soufflerait-il de ne plus remplir mes pages ?
Et si les arbres parlaient ?
De quel vers me parleraient-ils…de quels voyages ?
Alors je ne parle plus, muet dans l’allée des ombres mortes,
J’avance rêveur, et que le vent vole a ma femme l’espoir qu’on prodigue à ma porte… »
Me voilà seul, encore une fois ?
La nuit n’aura pas été longue mais ça fait toujours du bien !
« Hey Jeanne, allé, danse, danse belle amie, danse pour la douceur et l’envie ! »
Mais, qu’est-ce que…
Voilà qu’une bande de gens du voyage m’a ramassé durant la nuit, ils sont bizarres, mais ne manquent pas de politesse à première vue.
Tiens, la vieille dame du groupe s’approche de moi, les yeux presque sortis de leur orbite et me dit :
- « Bonjour toi, dis, comment qu’tu t’appelles ? T’avais la tête dans le pâté hier, allé viens, des briffouilles de birgonne quand biffritte de bamouille s’assaisonne ! »
- « Heu Fernand Johns et merci vieille femme, mais je ne comprends pas vraiment ce que vous me dites » (Waouh, elle renifle un peu)
- « Vieille femme ?! Mais ou vois-tu donc une vieille femme ?
Et la voilà qui se mets à faire des cabrioles et à danser comme un singe.
- « N’allez pas vous faire mal Madame ! »
(Et le plus jeune du groupe me dit sans gêne)
- « Ha ha ha ! ne t’en fais pas pour elle Johns ! Elle est encore très jeune et très souple pour son âge ! »
- « Heu, d’accord… »
Vous la verriez ! Ses cheveux épousent le vent et ses yeux brillent comme des rubis, et ses mains, si fines, si délicates qu’elles brassent de note en note la mélodie, et ses jambes ! Ha ha ! Plus rapide qu’un guépard ! Qu’elle est folle et pourtant, me voilà qui m’y met :
- « Ha ha, ha ha ha ! Danse, oui danse et ne t’arrête pas !»
Je n’avais jamais brandis un tel sourire auparavant, magique, j’en oublierais même son odeur !
Finalement j’ai fini par m’y faire, j’ai appris pas mal de choses par ses drôles de gens, leur nourriture, pas très ragoûtante mais très nutritive, leur musique, merveilleuse, et aussi qu’ils allaient vers Saint-Coulomb, une chance inespérée pour moi.3 Juillet 1812, Saint-Coulomb.
Ici il n’y a ni chansons, ni rires, ni couleurs, juste la froideur des rues, quelques torches allumées et le bruit des cailloux jetés contre les murs par les jeunes. Pas de femmes ni de jolies catins, pas de belles jambes à pertes de vue…juste un enfant triste qui chuchote « Cloc, Cloc »au vent, à chaque fracas des vagues contre les murs du port…
Et me voilà qui chante, comme une valse de printemps, je danse…
Et la vie
Et le jour
Je ne sais plus
Petit…
Il est des nuits
Qu’un sourire sait noircir
Qu’une main sait faner,
Ou conquérir ?
Il est des noirs adoucis,
Qu’un rêve pourrait toucher,
Qu’une vie pourrait nourrir
Et toi tu cours
Toujours…
« Alors l’enfant s’en alla, un petit sourire au coin des lèvres…bonheur »
J’aurais au moins pu faire un heureux dans ma vie, mais pour ce qui est de dormir confortablement cette nuit, je devrais me contenter d’un banc public. Il n’empêche que la nuit manque de chaleur et de couleurs ce soir, manque de boucher…. Haaaaaarrrouuuha, fatigué…
« Et les cris s’élancent, et les joies façonnent les visages des villageois presque dépourvus d’envie. »
- « Rhaaaaa c’est quoi ce boucan ! Ils sont tous morts la journée et le soir mais le matin, bon dieu ! »
(Alors un garde s’avance)
- « Bonjour à tous bon gens, aujourd’hui, vôtre bien aimée duchesse organise son quinzième « Printemps de la poésie » et remettra au grand gagnant une part de sa fortune ! Préparez-vous grands écrivains et jeunes scribouilleurs, tout vos textes sont acceptez, la gagne est de mise ! Présentez vous ce soir prêt du château du Duc de Saint-Coulomb.»
Tiens, la seconde bonne nouvelle depuis mon départ ! Ça pourrait être sympa après tout, j’ai rien à perdre, tout à gagner. Du coup l’idée du sujet m’a trottée dans la tête durant un moment au point qu’il est déjà presque l’heure, plus le temps, je ferai une improvisation…
« Mesdames et Messieurs, merci à tous d’être venus pour cette quinzième édition du « Printemps de la poésie, en espérant que les textes de cette année seront d’une meilleur qualité que ceux de l’année précédente, bonne chance à tous !»
Personnellement, je ne pars pas vainqueur, mais il y a quand même de bonnes têtes de gagnants… regardez donc celui-là avec sa poule, « Chance de cocu » il a l’air fin lui…
- « Premier poète, présentez-vous ! »
Et voilà, c’est parti. Et les heures passèrent avec des poèmes plus ignobles les uns que les autres…jusqu’à ce que :
- « Poète suivant ! »
- « A la bonne franquette !
Il y a des temps ou j’étais un peu vache,
Ma femme m’a dit cochon,
Lorsqu’elle finissait en cul de poule.
Mais quelle peau d’âne mon poussin
Et ces cris, je suis ton étalon !
Aux armes cochonnes,
Sauvez-donc vos jambons ! »
- « Et bah purée ! Il en a de la patate,
On a notre gagnant, il va pouvoir monter sa ferme ! »
- «Monsieur ! S’il vous plait, un peu de retenue !
Et bien ce poème était très…instructif…suivant ! »
(Tiens, c’est à mon tour…)
-
A la nature
« Dans votre solitude, là où je rencontre la vie vacante,
Dans ces instants ou le ciel embrasse cette terre,
J’ai chassé mes principes, réponse au feuillage sourd.
D’une rivière attendrie par delà les ombres filantes,
J’ai crié « Chut » au vent pour écouter la pluie mercière ;
Alors je suis rêveur, père d’une fleur et ses discours,
Alors je suis seigneur des songes et des parfums,
Et j’erre pour consoler les violettes en chagrin.
J’ai visité les cieux,
Et tes yeux,
Un voyage à l’an vert,
Et tes yeux, si …
Tête en l’air,
Ou étaient-ce les miens,
Vitreux ?
Et je laisse couler mon innocence en ces vallons,
Puisque mon regard est vide,
Puisque la rose n’a de son
…
Puisque mon regard est vide,
J’irai !
Par-delà les montagnes
Faire d’un grain pression
Aux campagnes,
Aux monts !
Aux arbres la forêt !
Puisque le cou vert ne ment
Qu’aux rires des enfants
… »
(Et plus un bruit, silence…)
- « Et bien merci, très beau…suivant !»
« Voici le moment tant attendu par tous et toutes, voici le poème élu par nos meilleurs écrivains :
- « A la nature » De : Fernand Johns
- « A la bonne franquette » De : Barati Minocle
- « Et nos irons chez ta sœur » De : Frangin Génius
- …
- …
- …
« Fernand Johns, veuillez vous avancer, La duchesse va vous remettre ce qui vous revient donc de droit »
(La duchesse s’avance)
- « Quoi ?! Elle la duchesse ?! La grosse, la laide et l’insoutenable, ma femme ?
Et bien moi je vote pour que les dindons soient gardes du corps ?! »
- « Goulougoulougoulou … »
- « Vvvvuarf déjà fait… Qu’il est beau mon mouton, qu’il est gras, Il y a de la Marge aux laines pour l’hiver les gars ! »
(Un paysan dans la foule)r
- « Waouh ! Quel vers, quelle sonorité ! je vote pour ce poème ! »
- « Tais-toi l’idiot … »
- « Qu’on fasse taire cet ingrats ! »
- « Qu’on le tue sur le chant ! »
- « Tiens, Johns…toujours aussi romantique je vois. Et bien comme tu as pu le constater ici même, le peuple est roi, et si le peuple veut ta mort, il l’aura ! Et ne me tutoie pas… »
14 Juillet 1812, Saint-Coulomb.
« La duchesse s’avance, et le duc à son tour, les cris de joie s’élancent et le calme retombe d’un coup »- Aujourd’hui, en ce 14 juillet 1812, va être exécuté Fernand Johns suite aux insultes prononcées envers Marjolaine de Saint-Coulomb.
« Alors les sourires se parent aux visages du peuple »
(Et moi bien sûr)
- « Et moi, je tiens à dire que je n’avais jamais donné le sourire à autant de personnes à la fois ! Merci, même si je vais mourir, c’était sympa !»
- « Tais-toi !
Maintenant, as-tu un dernier souhait à prononcer ? »
- « Et bien j’espère qu’un jour on puisse raconter mon histoire… »
Fernand Johns fut exécuté le 14 juillet 1812 à Saint-Coulomb sur la place du Martyre aux ailes d’or, bien que l’on est jamais retrouvé son corps…
© Damien Corbet - Tous droits réservés.
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Andy Capé
…
Paf ! Encore un !
…
Je suis paraplégique, les heures me courent sur le stylo…encore un ! Encore un trou !
Je suis paraplégique, et pourtant je fais des pieds des mains pour calmer ma course après demain.
Je suis un écrivain connu comme Andy Capé, un homme -je crois-, -une bête- pourquoi pas… je vis sur un fauteuil depuis quatre ans car mon pied gauche a trouvé chaussure qui lui sied pendant que le droit draguait bon œil, ce qui n’empêche en rien que l’expression prenne bien son…temps ?
Le temps, alors les gens parlent d’un homme sans vie, bloqué sur un fauteuil la bouche ouverte pour avaler les heures quand les minutes sont infinies…suis-je un monstre ?
Je n’ai pas de troues dans mes chaussures, mais quelques secondes à ma pointure, criez bons gens, criez, ma bouche hurle néant lorsque l’éternité dévore nos aventures.Alors parfois les larmes disent qu’il n’y a rien à dire, alors les parfums sont cicatrices d’un amour, Empire, alors la fin commence ça va s’en … alors parfois les larmes …
Bon gens, jugez-moi ! Que mon corps enlace vos gloires et vos couleurs, que mon âme dévore vos chairs lorsque j’anime la vie à fleur de peau …
Je suis noir, de fond, de formes, de bas en haut lorsque de but en blanc je ne pèse plus mes mots.
Gloutons, goinfres et petits gros, pendons vos panses, voraces, et vos démences ?
Ce n’est pas en ce plat que j’y perdrais mes pieds, paraplégique lorsque les mètres se font taille fine, gloutons, goinfres et petits gros, ne craignez plus ces yeux jugeurs lorsqu’à ma plume j’arborerai votre abondance.
Ma maladie plaide sarcasmes lorsqu’à ma gueule mon front tient tête ! Dénigrez-moi bon gens que j’arbore vos critiques à mon blason, et vos fils et vos filles, je dessinerai montagne à vos bossus et crinières à vos touffues !
Ce n’est que du rêve et de vos craintes que l’horreur tisse nos prisons, alors ma plume danse puisque mon corps s’en voit incapable !
Je suis noir, de fond, de formes, de bas en haut lorsque de but en blanc je ne pèse plus mes mots, Andy Capé, paraplégique lorsque les heures courent sur mon stylo !
Bons gens je vous aime, lorsque mon art vous déplume,
Bons gens je vous aime !
…
Paf ! Encore un !
Vos regards me font pitié
…
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Un jour pour une vie.
...
C’est long …
Je dois vous avouer que j’ai toujours rêvé de mourir, oui, mais juste 24 heures, histoire de tester .
Essayer comme on essaye une drogue, une coiffure, mon corps, mais ça c’est personnel, vous comprendrez Madame.
Alors, alors…
Je suis mort, et maintenant ?
Je me vois là, sur le sol, et… et je les vois, ceux qui ne m’aimaient pas, qui vidaient mes poches de mon vivant, et bien sûr les autres, ceux qui m’appréciaient, ceux qui me vident les poches même après ma mort…
D’ailleurs, je ne pensais pas qu’autant de personnes m’aimaient…
Les heures passent, et ma vie des-fils et des aiguilles ne tissant pas grand-chose, alors je regarde mes plus beaux moments, des plus joyeux, au plus immondes, ma femme… la pauvre ma femme !
- Ho oui chérie, c’est bon, tellement bon, tu sais que tu es magnifique ?
- Merci mon amour !
- Excuse-moi, l’excitation me fait dire n’importe quoi…
- …Pourtant tu sais bien que j’aime quand tu me le dis non ?
- Je t'ai promis de ne jamais te mentir mon cœur !
Que de bons moments, l’amour, l’amour ! Ma femme, tuez-moi, ma femme ! Quelle horreur, toujours à rabâcher :
- Tu les aimes bien mes héroïnes non ? (En parlant de sa poitrine)
(Personnellement,
Je savoure le meilleur des visages cachés de tes héroïnes,
Ce qui n'empêche pas d'en faire ressortir l'horreur de la scène)
- Oui, oui…
Ou encore… :
- Tu sais mon cœur, aujourd’hui j’ai écris une phrase philosophique, écoute ! (Tiens ça change « rire moqueur ») :
Au final je pèse souvent le poids de mon âme...
Puis
*Boum*
Ma balance craque sous le poids de mes pensées...
- (Pour une fois que ce n’est pas mon dos qui craque sous ton…) C’est magnifique !
Suis-je méchant, sadique… répugnant ?
N’y pensez pas, ma femme la pauvre, ma femme…
Plus le temps passe (sans même un bonjour), plus je me dis que j’en ai fait des choses dans ma vie, et pas des moindres ! :
- J’ai rendu une femme heureuse (Pas la mienne rassurez-vous)
- Et puis, et puis il y en a trop …
Il est 15h00 à ma montre, plus que 9 heures à mourir, tiens en parlant de ça, je ne vous ai pas raconté ma mort :
C’était hier dans un bar, je suis arrivé vers 21h00 comme chaque soir, avec la meilleure amie de ma femme, une demoiselle très charmante… soit.
j'ai bu quelques verres, comme tout bon conducteur qui se respecte, et son mari est arrivé, un homme très grand, très musclé, très imposant.
Ça m’a vite calmé, elle est repartie comme si de rien était, un sourire ridicule sur son visage, ça m’a totalement rabaissé !
J’ai fini ma soirée seul, vers 23h30 au bord d’une route où l’amant de ma femme m’a écrasé.
Comme quoi, la pauvre ma femme, la pauvre…
Cette journée morte était sensée me faire la morale, réagir, changer. Et bien c’est réussi, demain je déménage !
aJe change de femme, d’enfants, d’amis (Au revoir, bouteille…), si ce n’est pas du changement ça ?!
Tiens la journée se finie déjà ?
Et puis au fait …
- Patrick réveille-toi ! Toujours en train de dormir, quel élève pitoyable !
Maintenant à ton tour de nous raconter comment tu vois ta vie plus tard, nous t’écoutons.
- Hum ?
votre commentaire -
Alors j’ai décousu mes vers pour y tisser ta peau,
Volant aux douceurs des aiguilles l’avenir d’un tissu ;
Et le velours s’est fait capeline aux dos bossus,
Et le marbre s’est fait chaleur aux peaux des inconnus,
Et le batik s’est fait Ulysse pour y nommer un roi,
Laissant place à tes lèvres reines, plongées dans mon cabas.
Alors j’ai décousu mes vers pour y tisser ta peau ;
D’accrocs et de bourres façonnant ces formes charnelles,
J’assassine les fibules de cette provocante flanelle.
Et c’est de chiffe en étole que j’ai paré ton pommeau,
Et ces fripes, et ces bures, et ces ganses, fardeau,
Je piégerai de mes fuseaux l’espoir ornant ton frac.
Alors j’ai décousu mes vers pour y tisser ta peau ;
Alors j’ai décousu ma vie…
Pour perdre en tes yeux mes idéaux.
2 commentaires -
Ha ! Ce n’est plus un jeu !
Messieurs ! Ha !
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Ha ! Jugez-moi Fou !
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Scandale !
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Ha ! C’est anormal !
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A<o:p></o:p>
Lors jouons !
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Jouons Messieurs, jouons ! Puisque la musique s’en voit incapable !
Jouons Messieurs, jouons ! Que votre vie danse et s’achève à ma table !
J’accablerai le noir de vos vestes,
Et les rires !
Et vos satires !
Fuyez-moi comme la peste !
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Jouons Messieurs, jouons ! C’est à rythme déchainé, jouons !
Frivolité des âmes, dansez que je vous annote sans compassion,
Fuyez !
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La !
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La !
La !
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Et là ! Pointez !
Jouons Messieurs, jouons ! Ne nous arrêtons pas, Majeur !
Ce n’est plus du Pouce que je vous dois cet Annule’air !
Menteur !
Armez-vous, phalanges ! De cet hymne secondaire !
Armez-vous, jouons ! Capitulez, l’index s’effacera,
Jouons Messieurs, jouons ! Et d’un Mi, je vous nommerais moi.
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