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Les Pantins d’aoûts.
Le soir goutte la nuit,
D’une grande bouche froissée,
Qui, lancinante au soir venu,
Eteint nos nuits,
D’une ombre inachevée.
Avalant leurs derniers rires,
Ils jettent l’encre aux veuves esseulées,
Comme ces pantins de sanglots froids,
Ils jettent l’encre aux yeux vides d’émois,
Flamboyants de soupirs,
Immobiles comme des enfants perdus.
Ils frapperont le soir,
D’une flaque d’ironie
Et les âmes foudroyées,
Au hasard du grand sombre.
Ils frapperont le soir,
Pour délacer leurs yeux
Noyés.
Et si les lunes ambrées du jour,
Se pendent au fond d’un grand placard,
Je m’ouvrirai la gorge,
Pour cultiver l’orage
Aux larges des linceuls gris.
Et si les lunes ambrées du jour,
Se pendent aux yeux des hommes,
Nous nous ferons pantins,
Lorsqu’août se terminera.
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Bienvenue dans ma chambre !
Te souviens-tu des bords et des dessus, d’une nuit criant le délice de ces lèvres que l’on mangeait de loin ?
Te souviens-tu… du vide ?
Comme une grande bouteille peinte sans contours, tel un grand tableau noir cherchant à s’inventer le jour.
Le ciel pendait au plafond comme un grand chiffon blanc, et d’une main fluide je jouais avec sa vie d’un long souffle éphémère.
Et le sommeil s’éclatait comme une goutte à mon pied, de celles qui voguent le ciel sur leur coton feutré.
Et l’on vivait de fuite, comme drogués du hasard,
A découper des nuits, pour mourir du regard.
Nous écrasions nos yeux, de ceux qui pendent aux doigts, de ceux qui, creux, rongent les murs pour allonger nos voix.
Alors nous soufflions nos draps, cabossés comme un désert,
Et si les ombres trébuchent encore, nous effacerons nos pas,
Pour les rendre moins vulgaires.
Et même si sans comprendre, nos lèvres accueillent l’insomnie, nous embrasserons le jour d’une porte ouverte sur la nuit…
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Partirai-je le sourire aux lèvres ?
Juin n’est plus ballade de nos mémoire ;
Les paysages se parent d’auparavant,
Alors l’on vient ici se rappeler,
Le temps.
Car je sais, qui sait ?
Là bas, à l'autre bout du monde,
Là-bas…il fut un temps…
Et si, simplement par pure beauté,
Nous revenions ici
Lorsque de haute ou basse marée
Nous écumions la nuit…
Par-delà les brises évanouies,
Telle une nuit de bleu rosée,
Là ou coule le soir
J’irai là-bas
Si l’on se souvient d’ici.
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Valse !
Mélancolique de l’homme,
J’arracherai les flammes
Des feuilles mortes d’automne
Lorsqu’au couché du jour
Le temps brase les cieux.
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Et si !
Et si, tout simplement…
Je profitais des âges
Lorsque le soir venu
Le temps vole une part de ma vie…
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Et l’homme cria aux arbres :
- Pourquoi gesticulez-vous comme ça ?
La Terre n’est-elle pas assez grande pour vos grands bras ?
Pourquoi restez-vous plantés là sans rien dire ?
Qu’attendez-vous ?
Pourquoi êtes-vous si grands?
Pourquoi ?
Po…
Alors les arbres répondirent :
- Quel homme bizarre…
Nos corps sont creux,
Le temps déchire ses visages contre nos branches,
Regarde, le vent hurle sa prison, piégé
Dans notre tronc…
- Pourquoi serais-je si bizarre,
Mes yeux pleurent le vent,
Seriez-vous criminels ?
Pourquoi serais-je si bizarre,
Je prends racine, alors, ô vous
Qui tenez tant à tous vous ressembler
Ne pleurez pas votre routine…
Je vous envie !
- Ton visage est clair et tes branches trop noires.
Notre routine est bien trop ennuyante, qu’envies-tu ?!
- Votre calme… vous êtes pères, mères et enfants,
Mes jambes sont lourdes et ma vie courte…
Alors puisque je prends racines
Que mon visage brave les temps
Prenez-moi, sages patients !
Alors l’homme leva les bras au ciel comme si des branches lui poussaient,
Les arbres volèrent son visage puisque le temps… s’arrache.
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J’ai vu les cieux vomir...
Je me meurs lentement comme étouffé par un bûché nocturne…
Je sens mes crimes pendre à mes doigts, la tête frappée de tous passés qui s’échapperaient des misères d’autrefois.
Le ciel s’apprête tel un stratège, accablant mes rides et ma vision, je me perds entre deux pas, craquant de solitude, comme ces fenêtres plaidant l’appel au vide…
Et j’ai vu ces légions d’hommes apeurés, leurs têtes comme une troupe de chiens enragés, essayant d’arracher la peau vermeille des cieux. J’ai vu les vieilles femmes fébriles hurler la mort, la bouche grande ouverte pour avaler le néant qui s’avançait aux yeux des assoiffés, elles ont crachés du vent de leurs yeux vidés, comme rongées par des vagues de sanglots asséchés.
J’ai vu les cieux vomir, par centaine comme un diaporama, virer du noir au blanc, comme si les souvenirs du monde n’était qu’une bande annonce d’un vieux cliché.
Les arbres ont dressé leurs branches comme pour happer la vie au vent qui les feuillette chaque jour, et les roses ont baissées leur garde se détachant de leurs épines pour se parer du bleu.
Les monts sombraient dans leurs démences, s’allongeant comme un grand cou pour embrasser les flammes qui doucement brasaient l’agonie du vent.
Le soleil se para de ses rayons meurtris, comme des cordes de guitare, jouant gaiment à la nuque des hommes ébahis. Les notes s’élançaient telles les guillotines d’antan, tranchant coup par cou la noirceur de leurs corps blancs.
Alors j’ai vu les cieux vomir ces couleurs, à coups de grandes griffes d’acier rouge.
J’ai pris mon sac et capturé le temps pour comprendre sa folie,
Et comprendre ses chimères qui dansent sur nos terres finies.
J’irai au jour qui vient de par la perte d’une nuit, et même si mes bottes sont trouées jusqu’à me dévorer la chair, j’arracherai au ciel comme un vieux bouquet d’ombres, le feu de nos prunelles, la mort expiée de toute dentelle, comme si vos vies noyées dans mes pupilles, cogitaient pour façonner le monde…© Damien Corbet - Tous droits réservés.
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