• Les déboires d’un enfant soldat

    (Ce n'est que l'extrait d'une nouvelle)



    C’était au printemps dernier, lorsque le soleil riait encore et ravivait la mélodie des brousses. De ces jours où, comme à leurs habitudes, les femmes et les enfants chantaient en cercle, lançant leurs mains au ciel et leurs pieds à la terre pour lier l’homme et le dieu. J’étais seul, avec mes trois frères. Il y avait Joffrey, le plus âgé, fort et plein de charisme, Pierre, le dur à cuire, Flamio puis moi, Trotza, 16 ans. Ont a perdu nos parents un jour de forte pluie, sur l’étale d’un marché lorsque mon père avait refusé de vendre ma femme à son patron. Ici la vie n’est pas plus dure qu’ailleurs, enfin, disons qu’il faut savoir faire avec ce que l’on a et s’adapter aux circonstances.
    Tout à coup, les femmes s’étaient mises à crier puis déboulaient de partout.  C’était un jour comme tous les autres, oui… jusqu’à ce que ces hommes viennent nous chercher ayant pour argument :
    -    « Il faut partir ! Dieu nous a dit… »
    Ils étaient tous armés, à n’en plus savoir où trouver la croyance dans cet accoutrement. Ils dirent alors :
    -    « Ce village n’est plus sûr, il faut vous battre pour vos familles et pour tout ce en quoi vous avez foi, il faut vous battre car les grands rois l’ont dit… »

    Ils firent monter hommes et enfants sur sélection. Joffrey et Pierre restèrent là-bas puisque leur couleur ainsi que leur nom n’était pas assez Africain pour leur permettre d’être dans l’armée. Flamio s’était mis à côté de moi, tremblant, les yeux emplis d’inquiétude. Le camion démarra alors, laissant nos deux frères derrière nous, les accompagnant d’un signe de la main. Il faut croire que la religion excuse tous  les actes, mais Ils avaient le sourire, allez savoir pourquoi. Pendant le trajet, nombreux étaient les soldats qui pariaient nos vies quant à notre physique, certains me donnaient deux jours tandis que d’autres me donnaient trois mois. Lorsque je voulais les regarder pour me faire une idée de mon devenir, ils pointaient leurs armes vers moi, et me disaient d’un ton agressif :
    -    « Quoi ?! Retourne-toi, tu comprendras bien assez tôt ! »
    En effet, un long camp de tentes était en vue. Tout autour, il y avait quelques murs, et des soldats. Le camion entra dans le camp et déjà, l’odeur de poudre et de vieux moteurs venaient me brûler le nez. Il y avait des enfants de tous âges, une église s’imposait au centre de ce camp tandis qu’à gauche et qu’à droite de cette même église se trouvaient des voitures armées, des réserves de munitions et tout plein d’autres bâtis de guerre soulignant ce contraste. Les soldats nous firent alors descendre du camion et nos répertorièrent nom après nom. Le camp était vraiment grand, je n’avais jamais vu autant de monde mais surtout, autant de personnes aussi pressées. Ils nous dirigèrent vers l’église où un homme habillé en marabout  -sûrement un étranger qui n’y connait rien à notre religion- nous attendait.
    Cet homme bizarre, accompagné d’un confrère de notre village chantèrent des chants à la mémoire de nos compatriotes déjà morts. Il entama un discours des plus infondé et absurde qui soit. Il argumentait le fait que Dieu nous avait envoyé un signe et qu’il fallait tuer l’homme blanc. Ici, c’était un peu l’école de la mort, dans une église. On vous apprenait à tuer pour donner vie à l’âme, à foncer sans comprendre, puisque si l’on était croyant, le ciel nous accorderait sa clémence.  Ensuite, après le discours du marabout venait le général, un petit homme au visage marqué par la sévérité. Il ne semblait pas bien méchant, mais ses discours étaient tels qu’ils vous arrachaient le cœur.

    -    « Ici, vous oublierez amour et famille, ici, seule la survie et la gloire ont leur place. Il n’y a pas de compagnie ou même de fraternité qui tienne, seul vous et vous seul serez la clé de votre survie. Aujourd’hui, vous n’êtes plus humains, vous êtes soldats et la mort est l’arme que le seigneur vous à donné pour offrir la vie à notre peuple futur. »

    Ses directives étaient claires et notre semblant d’humanité n’était qu’une étincelle dans un canon. Au centre de préparation, on m’assigna deux autres enfants de douze et treize ans, ainsi que mon frère tout ça parce que mon nom signifiait « élu » dans notre langue. Les soldats me dirent :
    «  Tu dois prouver que tu mérites ce nom, alors voici trois jeunes marmots qui devront donner leur vie pour te protéger. »

    Les soldats, quoi de plus insensé. Le plus jeune, de douze ans se nommait Alberto et l’autre de treize ans, Albouhada. Alberto, qui pourtant était le plus jeune montrait le plus d’indifférence et de hargne à la situation. Son regard était vide comme le canon d’une arme et ses mains dures comme une montagne.  Il n’était pas du genre très bavard, disons qu’il préférait les actes à la parole… en somme, un vrai soldat. Le nuit tomba vite, et les chants des femmes qui venaient du loin faisaient vibrer le ciel. Flamio s’était endormi sans trop de soucis, comme si rien ne s’était passé. Pourtant, même dans le silence, on entendait dans le font de la tête des enfants présents ici, une seule phrase résonner :
    -    « Demain, je vais devoir tuer… »

    Nul enfant n’est fait pour ce massacre. On aura beau nous dire, vous êtes les enfants de Dieu, soldats d’une une guerre pour la paix mais les mots sont ce qu’ils sont et les actes restent et de loin, plus concrets et conséquents sur la perception de notre humanité.
    Alberto, qui jusque là n’avait su montrer que sa force et son imperméabilité quant à ce qui se passait, faisait preuve de détachement et d’hésitations. Ses mains faisaient sans cesse des allés et retours pour couvrir son visage. Il disait même, d’une voix tremblante, que tout homme qui part faucher l’existence et les convictions d’un autre homme, quel qu’il soit, se devait  d’être aveugle.
    Le jour se leva bien trop tôt et se riait de nous sur son royaume de nuages sanglants, l’aurore.
    Le chef arriva et nous leva de force. Les paroles n’avaient nulles importances à ce moment là, les gestes se suffisaient à eux même pour nous dire, c’est l’heure, va-y. Après tout, même une arme entre les mains, nous sommes tous des lâches qui ne savent trouver par eux-mêmes un moyen d’avancer autrement.
     

     

     

     


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  • Les années comédie

     

     

     

    Année 1956 : Ruelle d’un quelque part aux attraits pourpres.

     

    Il est seize heures et  les foyers s’envolent. Il est des jours où les écoliers trainent leurs sacs comme de vieux corps rouillés, où les hommes pendent leurs ombres aux paliers, droites comme de grands démons masqués.

    Alors il est des lunes qu’on accroche à nos avenues, celles qui s’agrippent aux murs de peur de s’envoler. Il est seize heures mais le ciel est noir, les veuves se courbent de tristesse et les linceuls s’envolent par coups d’espoir pour dégréner la nuit.

    Les ruelles sont assassines, elles se craquent d’ennui puis dévorent vos rêves, s’épongent de vos récits puis s’emparent de vos trêves comme une veine course après la vie.

     

     

    Ville au coin du monde, 18 juin 1956.

     

    Un jour un homme a dit : « L’aisance est à porter sous une vision de paix digne de son nom… ».

    Voilà bientôt trois ans que j’erre sous un pont pour voir couler ma vie. On dit des villes rayonnantes le plus beau des sacres, celles qui brillent aux mouvements, aux fines foulées de jambes qui claquent l’usure de la vie par envolées de cendres pour plaider l’évasion.

    Depuis quelques mois Plambourg dite ville du festin, du rire et du commerce paraît bien morne. Autrefois, les places étaient bavardes et les rues chantantes, les femmes dansaient leurs robes pommes et leurs chapeaux de cabarets. Certains hommes fumaient, parfois quelques cigares jusqu’à se désosser les doigts et quelques sèches entassées pour garder bon aspect. Mais voilà qu’aujourd’hui, ces êtres consumés d’un autre temps se laissent faner d’une âme bien charitable. Les pétards ne sont plus du jeu, ils errent sur les trottoirs de flaques en flaques, sur le reflet d’un nuage, espérant s’envoler.

    Lorsque le jour se lève, les rues s’inondent de braques échouées, ces grands navires en fer chavirant d’un regard sous la brume du matin. Les murs crachent le jour comme un appel à l’aide puis s’étouffent au clair de lune.

    Les hommes s’étendent, certains pendus, valsant aux mélodies du vent et d’autres s’arment de cordes pour faire tomber le ciel. Alors les culs de sacs se parent de mystères, plongés dans l’infini, dans les recoins d’un monde. Alors les couples dansent puis s’envolent comme un vague à l’âme, et les chercheurs d’or s’emparent de rêves à la poursuite des incestes pitreries comme des chaperons d’étoiles.

     

     

     

     

    Sur le rebord du monde, comme du sable en mer, 19 juin 1956.

     

    Plambourg… on dit bien des rumeurs sur ses vallées, ses rives et ses femmes. Il y a de ça cent ans, un château s’élevait près de l’océan, les gens courraient sur le sable à s’y décrocher les pieds, s’entassant sur les ponts, craqués d’exaltation. Lorsque le soir s’avançait les ruelles se saoulaient du rire et les maisons des bas côtés se penchaient comme des arches, les yeux écarquillés. Il y avait des conteurs sur les places et des bars vides où la mousson des verres s’envolait aux jupes sensuelles, ces robes de lèvres sanguines qui brassaient l’ennui. Les couples s’éloignaient près des vagues pour voguer leurs mains d’envie, et plus loin, inconscients, il y avait ces jeunes enfants, fils de soldats et fils de geôliers,  qui s’emparaient de rêves, cloitrés dans leurs pâtés de sables, et comme pris de folies, ils accablaient le sol de coups, les mains comme des pioches, frappant le sol pour faire grandir la mer.

    Sur les bancs du port, les vieux matelots s’étouffaient de leur âge, inspirant la brise que l’océan leur offrait, puis ils soufflaient les voiles des galions à s’imploser le corps pour faire valser leurs souvenirs

     

     

     

     

     

     

    .    Au fait !

     

    Ne précipitons pas les choses, voulez-vous ? Après tout, le passé passe bien avant le présent. Alors asseyez-vous et tendez bien l’oreille. Avant toutes choses, cette histoire, enfin qui dis-je, mon histoire, commence bien avant tout cela. Je ne nomme Pierre Bralford.

    Je suis l’ancien président « des quatre yeux du monde », où de ce que vous autres appelez aujourd’hui  « La France ». Cependant, cet aspect chavira quelques années plus tard suite aux actes d’un homme nommé François Phandor qui changea le visage d’un pays tout entier porté par les influences d’un humour nouveau, chaotique…

     

     

    « L’histoire se déroule en 1980 à Paris. De nos jours où la parole est reine de la diversité évolutive, les arts de la scène comme tout autre divertissement «  parlant » se virent éradiqués, La liberté d’expression fût abolie suite au décret du 8 septembre 1979 stipulant que toute personne s’exprimant avec un langage osé, prêchant l’abus, incitant ou portant directement atteintes à l’état, à notre politique, se verrait exilée. Toutes les pièces de théâtre, comédies, concerts ouverts et diverses activités tournants autour des arts et se rapprochant de cette expression « révolutionnaire » sonna son déclin sous le regard des artistes, impuissants. »

     

     

    « Une vague d’artistes mécontents, vagabonds, bohèmes et crieurs des villes s’imposa comme une puissance proscrite de la population nationale…pourtant, ces hommes et femmes quelques soient leurs opinions, passés et origines sociales restent dénigrés par ce reste de gros gens coincés, cette majorité du peuple, aveuglée, en rang, au pied des lois, des cadres et des notions fondamentales. »

     

     


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  • On a menti la vie !



    Les murs m’ont souvent murmuré :

    - « Tu sais lorsque tu cris à la lune de s’éteindre parce qu’elle donne trop d’espoir au soir… fais le dans le silence, les morts ont des oreilles »

    Et même si mes doigts courent aux heures perdues,
    J’arracherai à mon lit l’ombre perverse d’une nuit nue,
    Et même si mes bras s’étendent à deuxmains sur un long temps,
    Nous arracherons l’hiver vermeil,
    Brisé sur les joues des enfants…
    Puisque ma peau s’est fripée,
    Rougie sous les ébats du temps.


    Du coup, voilà … j’arrive en fin de vie.
    C’est plutôt cool en fait, je ne vois plus rien, même pas ma femme, (Bien qu’il n’y ait jamais eu grand-chose à voir de son côté…) et de plus en plus je me dis que …


    Je n’avais jamais demandé à être un spermatozoïde…


    Bien oui, c’est le genre de question débile que je me pause à la fleur de mes 100 ans.
    C’est comme lorsqu’on vous dit qu’avant de mourir on voit sa vie défiler, moi c’est plutôt mes cheveux qui partent en file indienne depuis que je suis célèbre.
    Les pubs le disent si bien « Garsniés », l’ignorance rend l’homme tiré par les cheveux. Alors pour redevenir méconnu je ne vous raconte pas.
    Tiens d’ailleurs, ça me rappel les réactions tordues de ma famille au repas de Noël :

    Ma sœur est paraplégique donc c’était tout une histoire lorsque mes parents ont su qu’elle faisait de l’équitation …

    - Papa, maman il est temps que je vous le dise…je fais de l’équitation.
    - Quoi ?! Pas avec le palefrenier j’espère ?
    - Non, non.
    - Ha bah c’est bon alors…

    Ou encore quand mon cousin avait traversé le plafond accompagné de sa baignoire

    - (Ma mère de ses grands yeux dévisageant mon cousin qui venait de tomber sur notre table parée de son service d’argenterie préféré ) Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !!!
    - Excuse-moi tata !
    - Haaaaaaaaaaaaaa ! Mais c’est que t’as pris du poids Jean !

    Tellement de bonnes choses à vrai dire.
    D’ailleurs en y repensant, il y a trois moments qui ont vraiment marqué ma vie, le premier étant, la présentation de ma petite amie à mes parents :


    - Et bien, vous êtes une femme vraiment charmante et classe, Céline.
    - Merci Jeanne, je vous retourne le compliment.
    - Il est l’heure d’amener le fromage chéri ?
    - (Ma petite amie en le reniflant) Waouh ! ça sent la petite fille qui se gratte !


    Il y a aussi notre enfant, Julien 3 ans, en pleine période de première érection, euphorique dans son slip de super héros :


    - Papa ! Papa !
    - Oui mon poussin ?
    - Il y a batman qui s’envole !


    Et pour finir je dirais qu’il y a le débat que j’ai tenu avec deux grands démocrates que sont mes enfants à l’âge de 5 ans :


    - Papa ! Plus tard je veux devenir Dieu, c’est un grand métier avec pleins d’amis !


    - Oui, oui, tu sais il y a d’autre avantages à être Dieu, tu peux aussi être Disséqué, SDF, bête de foire, homme politique et…

    - (Et mon autre fils qui me coupe la parole du haut de sa demi-saucisse prémâchée) Chexe Chymbole !

    Enfin… on a menti la vie, puisque je ne l’ai jamais vraiment vécu, entre roulé boulé et grandes parois… je n’ai jamais trouvé l’ovule.




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  • Poétiquement cynique





    Année 1812, Combourg.


    « Les sifflets retentissent et les klaxons résonnent encore lorsque les jeunes écrivent sur les murs ce qu’ils n’ont plus la chance d’écrire sur leurs cahiers »

    Dans ce brouhaha il y a toujours Pierre Parmankson qui hurle à tout va :

    - « Aujourd’hui, en ce jeudi 26 janvier trois membres de l’organisation…voici les nouvelles, trois francs pour ne pas mourir idiot, n’hésitez plus ! Révolution est faite pour vous ! »
    - « Bouge de la gamin, va vendre tes ragots ailleurs… »

    C’est un p’tit gars sympa, y a pas à dire, peut-être un peu faux jetons, mais après tout on l’est tous un peu … ça va s’en dire pauvre bonhomme ses parents sont morts pendus sous ses yeux à l’âge de 9 ans, ces choses là ça marque…
    Du coup aujourd’hui le voilà qui se coltine « Révolution », la gazette du moment, m’enfin… quand il faut vivre, on fait comme on peut, surtout en ces temps piteux.
    Alors en total gentleman je lui donne toujours un petit peu plus de ce que je lui dois histoire de saluer son courage en ayant comme retour un :

    - « Hey M’sieur Johns z’êtes bien sympa, que l’bon dieu vous garde. Dites, elle est jolie votre montre… »

    Rhaaaa je vous jure ! C’est quand même quelqu’un ce gosse.
    Ensuite il y a Marianne, la douce Marianne, notre couturière. Elle est magnifique, vous la verriez, une vraie fée qui tisse des ailes aux enfants lors des grands jours. D’ailleurs si ce n’était que ça, elle est d’une gentillesse incroyable, pire qu’un démocrate ! Je passe souvent la voir pour lui commander deux ou trois châles pour les enfants du père Haullier, notre voisin, et comme à son habitude avec un grand sourire elle m’accueille à bras ouverts :

    - « Rhaaa saleté d’hypocrite ! Quesque tu viens faire ici ?! Combien de fois t’ai-je dis de ne plus mettre les pieds dans ma boutique ! »

    (Mince, pardonnez-moi, là il s’agit de sa mère, la grosse bedaine au nez pharamineux, enfin la belle quoi…)
    - « Enfin mère, un peu de tenue envers ce bon Monsieur qu’est Fernand Johns ! Voici votre commande, j’espère qu’ils vous plairont ! »
    - « Vous êtes charmante Marianne, le rayon de ma journée ! »
    - « Et votre femme ? »
    - « Et ma femme ? »
    - « Voici votre commande. »
    - « Merci, c’est parfait ! Au revoir douce Marianne. »

    Une vraie perle cette femme ! Après tout, la majorité des gens qui habitent ici, en cette belle ville de Combourg, sont vraiment agréables.
    Le seul hic dans tout ça, c’est moi, ou du moins l’image que je dégage et que je donne à cet endroit. Prenons par exemple lundi dernier, 15h00, le jeune sculpteur qui se trouve être le fils du maire exposait sa dernière œuvre. C’était loin d’être moche rassurez-vous, mais lorsqu’il a commencé son discours, « Mon dieu ! », ma barbe en est tombée, mes chaussures m’ont fait du pied, mes cheveux tiraient grise mine, « Mon dieu… ».

    « Voici mon œuvre qui s’intitule « Sans cœur » ! Bien qu’elle ne transmette aucunes émotions et qu’elle fût faite en vitesse sans la moindre envie, je suis fier de vous présenter ce chef d’œuvre »


    Sans cœur ? Aucunes émotions ? Sans la moindre envie ?!
    (Pouilleux, fils de crétin, monstre, patate anorexique !) C’est magnifique Monélas, vraiment ! …
    Ce n’est plus à démontrer, j’aime définitivement cet homme !
    - « Monsieur le maire votre un fils est un gé…un gé… un génie ! »
    - « Ha ! Content que vous l’ayez remarqué ! Prenez-en de la graine l’ami ! »
    (Prenez-en de la graine, l’ami, Mais tu vas voir…hmfff, « Sans cœur » hein? Carafe à fientes…
    Bien au-delà de ces quelques compliments je suis un homme très droit et très sensé, d’ailleurs, le respect reste mon maître mot ! )
    - « C’était un plaisir Monsieur le maire… »
    - « Appelez-moi Francs voyons »
    (Je vais t’en montrer des Francs moi, t’en auras pour ton gras l’ami !)
    - « Alors à bientôt…Francs… »


    Du coup je ne l’ai jamais revu, à mon grand désarroi, soyons-en sûr… Trêve de bavardage, assez parlé des autres, parlons de moi, je ne me suis pas encore présenté.
    Je me nomme Fernand Johns, tyran, voyeur, pervers….écrivain. Je vis dans une petite baraque en bois que j’ai faite à l’aide de mes vieux os il y a de ça quelques années, ce n’est pas du luxe mais ça me permet de mener ma petite vie de troubadour. J’ai vécu à Combourg pendant un moment, un très court moment…disons que mon départ eu été plus rapide à faire que mon arrivée, tout le monde m’avait aidé pour repartir. Interdiction de vivre au village pour la raison que j’aurais violé la fille du tavernier, encore faudrait-il qu’il ait eu une fille, quand bien même, dans sa famille côté femmes tout tombe…trop mûres pour moi !
    Voyez donc le respect, je vous l’avais dit, aucun pour moi.
    Heureusement qu’il me reste ma famille ! J’ai deux fils Pierre, 12 ans et Paul, 13 ans, de vrais trésors. Leur mère Marjolaine, elle, est morte piétinée par son âne, quelle mort atroce, m’enfin faut le faire quand même, je vous l’accorde… je ne la regrette pas tellement. Elle n’était pas hideuse, au contraire mais, c’est le genre de femme qui demande le bout du monde, la lune, un je t’aime de temps en temps, difficile, trop capricieuse. Comme disait mon ex beau père : « Quand tu veux un belle fermière faut le cochon qui va avec » pourtant croyez-moi de ce côté-là…ça faisait bien marrer les mômes.
    Il y avait quand même une qualité que les autres femmes n’avaient pas, c’était de respecter mon travail et ma façon de vivre, en fait …

    - « Bonsoir mon homme comment qu’tu vas ? »
    - « Ha, tiens, bonsoir Marjolaine, je racontais une histoire aux enfants… »

    (Vvvvuarf, on ne peut même plus rêver tranquillement)

    - « Les enfants ? On n’a jamais eu de rejetons »
    - « Ha ? Dommage… »
    - « Tu travaillais encore sur un projet de mort envers ma personne ? Tu es si romantique ! »
    - « Je m’en vais, j’ai du travail… »
    - « Quand tu reviendras je serai mariée à un autre homme ! »
    - « (Avec ta dégaine ?! Laisse-moi rire …) A plus tard… »

    Ce n’est pas la première fois que je pars pendant des jours, des semaines voir même des mois entiers pour mon plaisir et ma liberté. Comme dirait le sage enfant de 6 ans de mon frère :

    « Faut bien s’éloigner des inconvénients qui nous accablent pour revenir saint dans un corps de toute beauté».

    Il n’a pas tord, faudrait le présenter à ma femme, elle qui ne sort jamais.
    Alors me voilà parti quelques sous dans une poche presque trouée, mon sac, ma plume et mes idées.
    Il y a tellement de beaux paysages à visiter, de soleil à capturer, de bateau à encrer, d’ailleurs j’ai toujours rêvé de voir la mer et ses mystères, allons bon…

     

    14 juin 1812, Cancale.


    «Cancale, liberté et couleurs des cartes postales, et les marchands de poissons, et le sourire des femmes au retour de leur époux, et les mouettes qui défèquent sur les pontons, tellement d’odeurs, de plaisir et de joies. »

    Waouh, quelle ville ! Quelle splendeur !
    Et ces dames très peu vêtues, et ces oiseaux, et ces chants, et ces parfums, exquis !
    Je dois avouer que je suis quand même un peu perdu, ça change de Combourg et ces villages tout autour…Waouh, mouvementé !
    Alors les jambes des femmes s’élancent comme une envie connue, et les mats des chalutiers dansent aux cieux lorsque les vagues s’engagent dans un combat de bleu perdu. Où donnez de la tête, il y a tellement à découvrir, tellement de beaux jours confondus, et ces couleurs ! Merveille…
    Les rues sont pleines de monde, des danseurs par-ci et des chanteurs par-là, des mélodies divines et des chants régionaux, et des catins richement vêtues…

    Il y a aussi le petit garçon d’une dizaine d’années avec son grand chapeau de capitaine assis là, à côté de moi, rabâchant sans cesse : « Plus tard je serai le plus grand des pirates, je serai fort comme mon père et les sirènes épouseront mon sillage pour ne pas perdre l’or que je sème à ma venue ! Ha Ha ! Les pirates, les pirates du Mont Cornu, Ha Ha les pirates… »
    Et aussi, regardez ! Là sur la droite, cette femme qui pleure…qu’elle est belle.
    Les gens d’ici on l’air d’êtres bien sympathiques, le boucher a une bonne tête, je ne crains rien, par contre la mienne est dans un triste état, quelle horreur.
    Là n’est pas le problème après tout, plus les heures passent plus je me dis que je vais finir par dormir à la belle étoile. Après tout, les rues sont belles, les pavés confortables et la chaleur est présente même la nuit tombée.
    Finalement c’est dans un cul de sac que je pense finir ma journée, un beau palace « Mats’lots pour la mère ! », original ! Trois pas, et voilà l’hôtesse qui me saute dessus :

    - « Bonsoir cher M’sieur, il est bien tard, il nous reste justement une chambre et un bouillon, cela vous va ?»
    - « Et bien heu… »
    - « Alors c’est d’accord, installez-vous »
    - « Merci madame… »
    - « Pas de politesse ici, appelez-moi Francine ! »

    (Pour l’accueil rien à redire, adorable cette femme ! Pour ce qui est de son bouillon cependant…passons. Je crois bien qu’au final le repas m’est resté sur l’estomac)

    - « Voici votre chambre, j’espère que vous y dormirez convenablement»
    - « Merci Francine, vous êtes bien aimable, bonne nuit à vous »

    Que la nuit est belle ce soir, voilà encore ma pupille qui courre après les étoiles, émouvant…

    - « Monsieur Johns, Monsieur Johns ! Malheur, réveillez-vous, la maison du boucher a pris feu ! »
    - « Merveilleux ! Splendide, allons-y Francine ! »

    Quel spectacle ! C’est d’une beauté, ces flammes, cette lumière, ce rouge ! Une feuille vite ! Quelle merveille, il faut que je dessine cette scène !

    - « Mais, vous êtes ignoble ! »
    - « Non je suis un artiste, le futur ! Ha ha, magnifique !»
    - « Ma maison, mes bœufs ! Haaaaa…rrrmff (En séchant ses larmes) »
    - « Cuit  à point qui sait attendre ! Ha ! Elle est bonne ! Ha ha ! »
    - « Et vous trouvez ça drôle ! Vous êtes minable…et il fallait que la foudre tombe sur ma maison !»
    - « Quel éclair de génie ! Ha ha ha … ! »
    - « Monsieur, veuillez nous suivre »
    - « Pas drôle… »



    Tagalac, tagalac, joli bruit que le fer sur le sol, que la nuit est belle ce soir, voilà que le ciel s’est paré d’une lumière vermeille et dorée, merci…boucher.

    - « (Les gardes me jetant à terre) Ne remettez plus jamais les pieds dans cette ville, manant ! »
    - « Oui, oui, et le merci pour avoir mis un rayon d’humour sur vos tristes mines ? »

    Me voilà chassé de la ville, c’est un comble, une deuxièmes fois, mais ces gens-là n’avaient vraiment pas d’humour. Je suis ignoble, minable, manant…ça sonne bien ! Voyons voir, la prochaine ville la plus proche est Saint-Coulomb, et bien, j’imagine la tête du saint, mais pour l’instant j’erre sur les routes avec un demi-pain et ma gourde…
    Voilà le jour qui se pointe déjà à l’horizon, quelle beauté, et les coucou me saluent, et ma femme…Marjolaine ?! Et en carrosse en plus ?!


    - « Mais que fiches-tu ici bon sang ? »
    - « Tiens, Johns, bien comme tu le vois je suis avec mon nouvel époux, un homme charmant et de bonne classe, voici Bernard de Grande court »
    (Pauvre homme, lui aussi il ne doit pas être aidé…)
    - « Rrffmm, atchoum! Bonjour Jo…joh…johns, atchoum! »
    - «En effet, quel homme…»
    - « Pardon ? »
    - « Je vous excuse, et au revoir. On se revoit dans quelques mois à la maison Marjolaine ! La bourgeoisie te va encore plus mal !»

    Et les voilà qui repartent comme ils sont arrivés, s’engouffrant au fond des bois, et puis …

    « Et si les arbres parlaient ?
    Le vent leur soufflerait-il de ne plus remplir mes pages ?
    Et si les arbres parlaient ?
    De quel vers me parleraient-ils…de quels voyages ?
    Alors je ne parle plus, muet dans l’allée des ombres mortes,
    J’avance rêveur, et que le vent vole a ma femme l’espoir qu’on prodigue à ma porte… »

    Me voilà seul, encore une fois ?
    La nuit n’aura pas été longue mais ça fait toujours du bien !

    « Hey Jeanne, allé, danse, danse belle amie, danse pour la douceur et l’envie ! »

    Mais, qu’est-ce que…
    Voilà qu’une bande de gens du voyage m’a ramassé durant la nuit, ils sont bizarres, mais ne manquent pas de politesse à première vue.
    Tiens, la vieille dame du groupe s’approche de moi, les yeux presque sortis de leur orbite et me dit :

    - « Bonjour toi, dis, comment qu’tu t’appelles ? T’avais la tête dans le pâté hier, allé viens, des briffouilles de birgonne quand biffritte de bamouille s’assaisonne ! »
    - « Heu Fernand Johns et merci vieille femme, mais je ne comprends pas vraiment ce que vous me dites » (Waouh, elle renifle un peu)
    - « Vieille femme ?! Mais ou vois-tu donc une vieille femme ?

    Et la voilà qui se mets à faire des cabrioles et à danser comme un singe.

    - « N’allez pas vous faire mal Madame ! »
    (Et le plus jeune du groupe me dit sans gêne)
    - « Ha ha ha ! ne t’en fais pas pour elle Johns ! Elle est encore très jeune et très souple pour son âge ! »
    - « Heu, d’accord… »

    Vous la verriez ! Ses cheveux épousent le vent et ses yeux brillent comme des rubis, et ses mains, si fines, si délicates qu’elles brassent de note en note la mélodie, et ses jambes ! Ha ha ! Plus rapide qu’un guépard ! Qu’elle est folle et pourtant, me voilà qui m’y met :
    - « Ha ha, ha ha ha ! Danse, oui danse et ne t’arrête pas !»
    Je n’avais jamais brandis un tel sourire auparavant, magique, j’en oublierais même son odeur !
    Finalement j’ai fini par m’y faire, j’ai appris pas mal de choses par ses drôles de gens, leur nourriture, pas très ragoûtante mais très nutritive, leur musique, merveilleuse, et aussi qu’ils allaient vers Saint-Coulomb, une chance inespérée pour moi.

    3 Juillet 1812, Saint-Coulomb.


    Ici il n’y a ni chansons, ni rires, ni couleurs, juste la froideur des rues, quelques torches allumées et le bruit des cailloux jetés contre les murs par les jeunes. Pas de femmes ni de jolies catins, pas de belles jambes à pertes de vue…juste un enfant triste qui chuchote « Cloc, Cloc »au vent, à chaque fracas des vagues contre les murs du port…

    Et me voilà qui chante, comme une valse de printemps, je danse…


    Et la vie
    Et le jour
    Je ne sais plus
    Petit…

    Il est des nuits
    Qu’un sourire sait noircir
    Qu’une main sait faner,
    Ou conquérir ?

    Il est des noirs adoucis,
    Qu’un rêve pourrait toucher,
    Qu’une vie pourrait nourrir
    Et toi tu cours
    Toujours…

    « Alors l’enfant s’en alla, un petit sourire au coin des lèvres…bonheur »
    J’aurais au moins pu faire un heureux dans ma vie, mais pour ce qui est de dormir confortablement cette nuit, je devrais me contenter d’un banc public. Il n’empêche que la nuit manque de chaleur et de couleurs ce soir, manque de boucher…. Haaaaaarrrouuuha, fatigué…

    « Et les cris s’élancent, et les joies façonnent les visages des villageois presque dépourvus d’envie. »

    - « Rhaaaaa c’est quoi ce boucan ! Ils sont tous morts la journée et le soir mais le matin, bon dieu ! »

    (Alors un garde s’avance)

    - « Bonjour à tous bon gens, aujourd’hui, vôtre bien aimée duchesse organise son quinzième « Printemps de la poésie » et remettra au grand gagnant une part de sa fortune ! Préparez-vous grands écrivains et jeunes scribouilleurs, tout vos textes sont acceptez, la gagne est de mise ! Présentez vous ce soir prêt du château du Duc de Saint-Coulomb.»
    Tiens, la seconde bonne nouvelle depuis mon départ ! Ça pourrait être sympa après tout, j’ai rien à perdre, tout à gagner. Du coup l’idée du sujet m’a trottée dans la tête durant un moment au point qu’il est déjà presque l’heure, plus le temps, je ferai une improvisation…
    « Mesdames et Messieurs, merci à tous d’être venus pour cette quinzième édition du « Printemps de la poésie, en espérant que les textes de cette année seront d’une meilleur qualité que ceux de l’année précédente, bonne chance à tous !»
    Personnellement, je ne pars pas vainqueur, mais il y a quand même de bonnes têtes de gagnants… regardez donc celui-là avec sa poule, « Chance de cocu » il a l’air fin lui…
    - « Premier poète, présentez-vous ! »

    Et voilà, c’est parti. Et les heures passèrent avec des poèmes plus ignobles les uns que les autres…jusqu’à ce que :
    - « Poète suivant ! »

    - « A la bonne franquette !

    Il y a des temps ou j’étais un peu vache,
    Ma femme m’a dit cochon,
    Lorsqu’elle finissait en cul de poule.
    Mais quelle peau d’âne mon poussin
    Et ces cris, je suis ton étalon !
    Aux armes cochonnes,
    Sauvez-donc vos jambons ! »

    - « Et bah purée ! Il en a de la patate,
    On a notre gagnant, il va pouvoir monter sa ferme ! »

    - «Monsieur ! S’il vous plait, un peu de retenue !
    Et bien ce poème était très…instructif…suivant ! »

    (Tiens, c’est à mon tour…)
    -

    A la nature

    « Dans votre solitude, là où je rencontre la vie vacante,
    Dans ces instants ou le ciel embrasse cette terre,
    J’ai chassé mes principes, réponse au feuillage sourd.

    D’une rivière attendrie par delà les ombres filantes,
    J’ai crié « Chut » au vent pour écouter la pluie mercière ;
    Alors je suis rêveur, père d’une fleur et ses discours,
    Alors je suis seigneur des songes et des parfums,
    Et j’erre pour consoler les violettes en chagrin.

    J’ai visité les cieux,
    Et tes yeux,
    Un voyage à l’an vert,
    Et tes yeux, si …
    Tête en l’air,
    Ou étaient-ce les miens,
    Vitreux ?

    Et je laisse couler mon innocence en ces vallons,
    Puisque mon regard est vide,
    Puisque la rose n’a de son

    Puisque mon regard est vide,
    J’irai !
    Par-delà les montagnes
    Faire d’un grain pression
    Aux campagnes,
    Aux monts !

    Aux arbres la forêt !
    Puisque le cou vert ne ment
    Qu’aux rires des enfants
    … »


    (Et plus un bruit, silence…)
    - « Et bien merci, très beau…suivant !»
    « Voici le moment tant attendu par tous et toutes, voici le poème élu par nos meilleurs écrivains :
    - « A la nature » De : Fernand Johns
    - « A la bonne franquette » De : Barati Minocle
    - « Et nos irons chez ta sœur » De : Frangin Génius
    - …
    - …
    - …
    « Fernand Johns, veuillez vous avancer, La duchesse va vous remettre ce qui vous revient donc de droit »
    (La duchesse s’avance)


    - « Quoi ?! Elle la duchesse ?! La grosse, la laide et l’insoutenable, ma femme ?
    Et bien moi je vote pour que les dindons soient gardes du corps ?! »
    - « Goulougoulougoulou … »
    - « Vvvvuarf déjà fait… Qu’il est beau mon mouton, qu’il est gras, Il y a de la Marge aux laines pour l’hiver les gars ! »
    (Un paysan dans la foule)r
    - « Waouh ! Quel vers, quelle sonorité ! je vote pour ce poème ! »
    - « Tais-toi l’idiot … »
    - « Qu’on fasse taire cet ingrats ! »
    - « Qu’on le tue sur le chant ! »
    - « Tiens, Johns…toujours aussi romantique je vois. Et bien comme tu as pu le constater ici même, le peuple est roi, et si le peuple veut ta mort, il l’aura ! Et ne me tutoie pas… »




    14 Juillet 1812, Saint-Coulomb.




    « La duchesse s’avance, et le duc à son tour, les cris de joie s’élancent et le calme retombe d’un coup »

     - Aujourd’hui, en ce 14 juillet 1812, va être exécuté Fernand Johns suite aux insultes prononcées envers Marjolaine de Saint-Coulomb.
    « Alors les sourires se parent aux visages du peuple »


    (Et moi bien sûr)
    - « Et moi, je tiens à dire que je n’avais jamais donné le sourire à autant de personnes à la fois ! Merci, même si je vais mourir, c’était sympa !»


    - « Tais-toi !
    Maintenant, as-tu un dernier souhait à prononcer ? »

    - « Et bien j’espère qu’un jour on puisse raconter mon histoire… »


    Fernand Johns fut exécuté le 14 juillet 1812 à Saint-Coulomb sur la place du Martyre aux ailes d’or, bien que l’on est jamais retrouvé son corps…







    © Damien Corbet - Tous droits réservés.


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  • Andy Capé




    Paf ! Encore un !






    Je suis paraplégique, les heures me courent sur le stylo…encore un ! Encore un trou !
    Je suis paraplégique, et pourtant je fais des pieds des mains pour calmer ma course après demain.
    Je suis un écrivain connu comme Andy Capé, un homme -je crois-, -une bête- pourquoi pas… je vis sur un fauteuil depuis quatre ans car mon pied gauche a trouvé chaussure qui lui sied pendant que le droit draguait bon œil, ce qui n’empêche en rien que l’expression prenne bien son…temps ?
    Le temps, alors les gens parlent d’un homme sans vie, bloqué sur un fauteuil la bouche ouverte pour avaler les heures quand les minutes sont infinies…suis-je un monstre ?


    Je n’ai pas de troues dans mes chaussures, mais quelques secondes à ma pointure, criez bons gens, criez, ma bouche hurle néant lorsque l’éternité dévore nos aventures.



    Alors parfois les larmes disent qu’il n’y a rien à dire, alors les parfums sont cicatrices d’un amour, Empire, alors la fin commence ça va s’en … alors parfois les larmes …


    Bon gens, jugez-moi ! Que mon corps enlace vos gloires et vos couleurs, que mon âme dévore vos chairs lorsque j’anime la vie à fleur de peau …

    Je suis noir, de fond, de formes, de bas en haut lorsque de but en blanc je ne pèse plus mes mots.
    Gloutons, goinfres et petits gros, pendons vos panses, voraces, et vos démences ?
    Ce n’est pas en ce plat que j’y perdrais mes pieds, paraplégique lorsque les mètres se font taille fine, gloutons, goinfres et petits gros, ne craignez plus ces yeux jugeurs lorsqu’à ma plume j’arborerai votre abondance.

    Ma maladie plaide sarcasmes lorsqu’à ma gueule mon front tient tête ! Dénigrez-moi bon gens que j’arbore vos critiques à mon blason, et vos fils et vos filles, je dessinerai montagne à vos bossus et crinières à vos touffues !
    Ce n’est que du rêve et de vos craintes que l’horreur tisse nos prisons, alors ma plume danse puisque mon corps s’en voit incapable !

    Je suis noir, de fond, de formes, de bas en haut lorsque de but en blanc je ne pèse plus mes mots, Andy Capé, paraplégique lorsque les heures courent sur mon stylo !

    Bons gens je vous aime, lorsque mon art vous déplume,
    Bons gens je vous aime !




    Paf ! Encore un !

    Vos regards me font pitié


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