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    Enucléé,
    Son corps est suspendu par son ombre
    Et ses doigts claquent au vent,
    Saignés, brisés,
    Comme ce vieux carillon ;
    Ses ongles entaillent sa potence
    Et broient son impatiente folie,
    Puis, dans un élan d’espoir,
    Il y a cette goute fiévreuse
    Qui tombe silencieusement
    Le long de son front cabossé
    Pour s’échouer sur sa main
    Brûlant sa chair, perçant ses os,
    Comme cette brise morcelée,
    Qui lui tourne le dos.

    Les hommes en noirs s’avancent,
    Parés de leurs coupe-vents plumés,
    Les yeux vermeils, la gueule envieuse
    Cognant froidement
    Cette barre d’avant-vie
    Cognant à faire tomber ce corps frêle
    Moisi,
    Qui lorgne ces pavés pourpres
    Ou tambourine encore
    La carcasse de mon âme,
    Finie.

    Alors


    Il y avait ces morts,
    Ces chiffons d’art
    Et de peinture au corps
    Qu’on agrafait sur les murs,
    Et leurs têtes qui cognaient aux fenêtres
    Comme ces diabolos rouges
    Qu’on jette en quête d’amour
    Pour embrasser le ciel.

    Alors,

    Peut-être même, ou serait-il…
    Pantin ?
    Lorsqu’on tire sa ficelle
    A faire valser sa panse
    Régurgitant ces
    Je ne sais quoi…mais
    Saurait-il encore… ?

    Il danse,
    Libre, étalé sur la scène,
    Comptant, peaux, reins,
    Autrefois reste des vents,
    Qui valsaient sans accord,
    Fracas de têtes
    Et caboches musiciennes.


    Énucléé,
    Son ombre frêle reluque
    Ces bourgeoises colorées,
    -Imprésentables-
    Ces grosses touffues grasses
    Agitant leur perruque
    Pour le ballet des Misérables…
    Pourtant,
    Il y avait cette femme en fleur
    Prenant pétales à sa rose ceinture,
    Et son chapeau rayé,
    Bourdonnait ses cheveux,
    Bouclés,
    Comme ses yeux noués par les scilles
    Que le matin daigne éclore
    Il y avait cette femme en fleur,
    Qu’on me jetait aux pieds…
    Et cette ombre qui dansait,
    Qui s’attachait aux angles
    Pour un plus long séjour
    Encore,
    Et toujours…

    Noire…
    Noire…

    Enucléé,
    Il y avait cet homme
    Ce pendu qui rêvait
    Comme un goût d’avant-vie,
    Et la mort qui dansait…





    © Damien Corbet -Tous droits réservés.


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  • Rio de Gens'héros.



    Il y avait ces femmes aux chapeaux pommes,
    Traçant le ciel d’une main courante
    Pour s’évader du monde ;
    Il y avait ces hommes qui s’élançaient au vide
    Ces fanfares de cotillons fous,
    Qui s’écrasaient aux murs,
    Et ces vieux pantins mous,
    Qui vieillissent à l’usure,
    Comme un sourire sous les attraits
    Du temps.
    Il y avait ces femmes aux chapeaux pommes,
    Et le désir qui croulait
    Comme un brin d’essentiel
    Sous leurs jupes monotones.

    Pourtant

    Lorsque le jour daigne s’éteindre
    On voit ces êtres
    Dont l’horizon semble se mouvoir
    Et ces femmes
    Qui cambrent leurs silhouettes
    Comme un vieil homme âgé.
    Il y avait ces danseuses colorées
    Qu’on croquait comme des pommes
    Et leurs robes flottent au vent
    - crépuscule dévoilé-
    Et le plaisir se déboutonne
    Sur un tableau de nuages blancs.
    Et même si

    L’on voit ces jeunes mômes,
    Lancer leurs frondes au ciel
    Pour s’élever doucement,
    L’avenir trône dans ma rue,
    Grand spectacle incongru,
    Et l’on veille nos étoiles
    Lorsque les soirs défilent
    Etouffés sous ces preux
    Lampadaires.
    Il y avait des femmes aux chapeaux pommes,
    Traçant le ciel, perdues dans l’horizon,
    Et les danseuses s’élancent
    Sous leurs robes sans attraits,
    Alors le crépuscule se déboutonne,
    Sous mon sourire des plus abstraits
    Et le plaisir s’évade en déraison
    Comme un brin d’essentiel.






    © Damien Corbet -Tous droits réservés.


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  • Bonjour à tous ! je vous propose deux peties formes sympa pour ce poème Sourire Bonne lecture !

     





    Femmes de qualités.





    1956, un œil sur le monde, obnubilés, les corps s’élancent comme une grande flaque d’ombre, horizon.





    Il y avait l’hiver tendre et douce, figée.
    L’automne s’avance à petits pas,

    Sur son mont de crânes ivoires
    ballerine au boulot,

    les seins gelés,
    ballerine du peuple-plié,

    les cheveux en bataille,
    c’est au grand désaccord du ciel qu’elle erre brulée

    pieux vermeils et pourtant si légers qu’ils en dansaient au vent
    sous sa peau noire,

    comme une image de déjà vu,
    brûlée,

    comme une odeur de chair…
    brûlée,

    d’envie
    son corps est nu

    Sous ses rameaux vermeils.
    Femme d’arrogance aux formes orangées,

    Elle était pâle et si… inexplicable,
    nymphe,

    un sourire en coin,
    au délice de tes seins pommés,

    et deux autres,
    qu’on assassine de rouge à nos lèvres

    noir(e)s,
    à nos sangsues sucrées

    affichés sur ses bras.



    Et voici la forme originale, qui permet une toute autre lecture :





    1956, un œil sur le monde, obnubilés, les corps s’élancent comme une grande flaque d’ombre, horizon.

    Il y avait l’hiver tendre et douce, figée. Sur son mont de crânes ivoires, les seins gelés, les cheveux en bataille, pieux vermeils et pourtant si légers qu’ils en dansaient au vent comme une image de déjà vu, comme une odeur de chair, d’envie…son corps est nu.
    Elle était pâle et si… inexplicable, un sourire en coin, et deux autres, noirs, affichés sur ses bras.
    Elle était là, figée, imperturbable et pourtant si pressée, un œil vers l’arrière, jugeur, et l’autre bleu, ou-vert ? Peut-être un peu trop froid, l’esquive s’en échappe encore, blizzard.
    Souple, peut-être un peu fébrile, elle était l’escalier au beau milieu des marches…pour y perdre son temps, pour y perdre ce corps aux formes détournées, timide, sa gorge fume encore mille brouillard.
    Et même si, ses pieds craquent le sol, comme ces femmes, craquant la fleur de l’âge pour se voir rajeunir, il y avait l’ivresse au compte goutte, et son corps suait les jours, fine, comme une brise en fin de moi.
    Il y avait ses yeux, sa solitude et… et mon cœur, qui s’efface aux tableaux, aux fenêtres, et ces vaines d’eau, qui tombent encore, innocentes sur les pétales perce neige pourtant, l’Hiver est morte.

    1956, borgne, le monde en second œil, grande boule de papier brûlé, alors les corps se pavanent et forment ma nouvelle ronde, fanés.

    L’automne s’avance à petits pas, ballerine au boulot, ballerine du peuple-plié, c’est au grand désaccord du ciel qu’elle erre brulée sous sa peau noire, brûlée, de ses rameaux vermeils.
    Femme d’arrogance aux formes orangées, nymphe, c’est au délice de tes seins pommés, qu’on assassine le rouge à nos lèvres, à nos sangsues sucrées, et l’on t’écrit encore, mon-otone, et l’on feuillette encore…



    © Damien Corbet -Tous droits réservés.


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  • Le complexe de la goutte


    .
    .
    .

    Le soleil s’est noyé,
    D’ivresse au compte goutte
    Et ma main s’exécute,
    A faire valser le ciel
    D’un léger torrent d’air,
    Et l’infini s’accable
    D’une coulante colorée,
    Tombe
    Eau.

    Les parfums dansent dans l’air,
    Telle une gerbe de printemps,
    Telle une gerbe au vent mourant,
    Le temps gronde son caractère,
    Les cieux se voilent
    D’humeurs grises,
    Imparfaites
    Et ma femme gronde encore,
    La tête sur mon nuage,
    Une goutte
    Sur la lunette.


    Le complexe de la goutte,
    Délicat, mais bien mené,
    Limpide,
    Parfois très fin,
    Les yeux au ciel
    Sans pour autant













    Se faire prier.

     

     


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  • Délirium




    Le soleil s’est encore joué de moi,
    Sur les vagues placentas de notre monde,
    Mais l’avenir se sent seul à me tourner le dos,
    Et ces cris sourds meurent en ce puits des lamentes,
    Et ton ombre rosée s’avance pour fuir au jour,
    Fils.

    Tu n’es pas seul, ta sœur t’appelle,
    Morte, la corde autour du corps,
    Elle se baigne de notre sang,
    Elle se baigne dans notre chambre, nue
    Ou le sommeil est mort.

    Fils, bête sombre délavée du silence,
    Ton âme bleue s’étouffe en mes tendres profondeurs,
    Et même si en cette usine de couture pourpre,
    Tu vois marcher la mort sur tes ombres froidement peintes,
    Chaque face de mes larmes t’est fermée,
    Et la misère arpente encore mes rires déteints,
    Lorsque mes sanglots filés tombent secs,
    Comme une flamme chaude sur ton défunt toit.

    Toi, fils des nuits, renfermé dans ta bulle,
    Je laisse tes étreintes à mon corps brun et froid,
    Et si le jour s’enfuit au deuil de tes lamentations,
    J’offrirai mon corps pourri,
    Aux vagabonds pâturages.

    Fils, étrange berger naïf, te sens-tu sinistre ? Unique ?
    Mais ta sœur l’est aussi, vidée du rêve et de l’envie,
    Morte, un sourire à l’éclat.


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