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Délirium
Délirium
Le soleil s’est encore joué de moi,
Sur les vagues placentas de notre monde,
Mais l’avenir se sent seul à me tourner le dos,
Et ces cris sourds meurent en ce puits des lamentes,
Et ton ombre rosée s’avance pour fuir au jour,
Fils.
Tu n’es pas seul, ta sœur t’appelle,
Morte, la corde autour du corps,
Elle se baigne de notre sang,
Elle se baigne dans notre chambre, nue
Ou le sommeil est mort.
Fils, bête sombre délavée du silence,
Ton âme bleue s’étouffe en mes tendres profondeurs,
Et même si en cette usine de couture pourpre,
Tu vois marcher la mort sur tes ombres froidement peintes,
Chaque face de mes larmes t’est fermée,
Et la misère arpente encore mes rires déteints,
Lorsque mes sanglots filés tombent secs,
Comme une flamme chaude sur ton défunt toit.
Toi, fils des nuits, renfermé dans ta bulle,
Je laisse tes étreintes à mon corps brun et froid,
Et si le jour s’enfuit au deuil de tes lamentations,
J’offrirai mon corps pourri,
Aux vagabonds pâturages.
Fils, étrange berger naïf, te sens-tu sinistre ? Unique ?
Mais ta sœur l’est aussi, vidée du rêve et de l’envie,
Morte, un sourire à l’éclat.
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