• L’envers du décor.

    L’envers du décor.




    Il y avait cette salle et ses tableaux en deuils ou les regards mouvants tournaient de l’œil sur cette toile de blanc tiré, plongeant l’orchestre tambourin, ces frêles paupières sautillantes agrafées par les cilles, figées, sous l’envers du décor.
    Il y avait cette salle où le jardin d’éden s’étendait, et les pommiers dansaient en désaccord et les astres décrochés, pelés de leurs lambeaux vermeils, s’évadaient d’hystérie, tournant en rond pour se croquer d’envie.

    Il n’y avait ni peintre, ni spectateur, juste cet homme avachi sur sa chaise, un saxophone adossé contre son ventre, la tête penchée. Ses lèvres tombaient d’ennui, claquant au vent ces quelques notes échouées sur les murs. Il se leva brusquement, frappant du pied pour faire tomber ses yeux, perchés, frappant cette toile noire qui s’épandait dans son dos, pour faire surgir ses bras. Il releva ses manches pour y plonger sa tête, et s’engouffra. Ses mains cognaient ses jambes pour s’évader d’épouvante, son saxophone jouait accompagné des cris qui s’élançaient de sa manche. Sa tête réapparue, laissant tomber ses cheveux étourdis sur son grand sourire sombre, pantin, et le néant s’élançait en sa gueule, dans cette salle vide, coincé, dans l’envers du décor.






    © Damien Corbet -Tous droits réservés.


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