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C'était avant la houle, que ballottaient les curs...
C'était avant la houle, que ballottaient les cœurs...
Sur un vieux port où le silence dansait seul dans la brume, on voyait quelques mouettes perchées le bec ouvert comme un vieux projecteur jouant avec ces vieilles histoires d’amour et de joie qu’on laisserait consumer comme une sèche sur un quai.
Il y avait des femmes qui séchaient leurs larmes aux creux des bras des matelots tandis que d’autres, au loin, s’en allaient le regret sur une photo pliée au font d’une poche, n’ayant vus qu’eux, n’ayant dit pour seul mot...moi, sans voir leur revenir. De jeunes fils, du bout de leur béret qui leur tombait au bord des yeux, se disaient déjà… papa, en preuve d’être fait l’un par l’autre. De jeunes filles dansaient, voilant sous leur chapeau d’adieu, ces quelques pleurs qui coulent les navires lorsque l’espoir vise ailleurs. L’amour est éphémère lorsque l’homme part en mer et qu’à la quête de sirènes, sa femme reste sur terre. C’était il y a trente ans, lorsque les allées noires qui bordaient la mer, voguaient quant à l’idée de voir un nouveau jour, resplendissaient comme ces prières piquées dans un bouton, noyées… comme un uniforme à la mer.
Et dans les bars, les visages s’effaçaient sous les nuages d’une cigarette, comme une houle se disant preuve du bon temps sur fin de bande, lorsque les sourires déteignaient. C’était ici qu’avaient fleuris les cœurs mais pourquoi, tout n’a-t-il pas encore disparu, pourquoi…
© Damien Corbet -Tous droits réservés.
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