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Puisqu'il fallait mourir quelque part.
Puisqu'il fallait bien mourir quelque part
« Les hommes qui vivent ici sont nommés de silence... »
Je me souviens de toi, partant dans cette grande bouche qu'est le chagrin d'automne.
Tu aimais les silences entreposés dans les recoins du soir, les bruits qui courts en insolant les vents pleureurs.
Parfois, nous nous laissions surprendre par les torrents d'avril, par la venue des arbres qui sans cesse se bombent le torse comme les morceaux impuissants d'un baiser viennent se coller à nos joues pour exploser nos cœurs;
Je me souviens de tout.
Des hommes du nord souhaitant s'étendre au devant des collines, les mains levées au ciel comme des oiseaux brûlés de froid.
Des ombres et des parterres tracés à la craie blanche;
De toi, le regard immobile comme des enfants éperdus sous les phares;
Tu ne pensais qu'à mourir comme le ciel .
Le temps eut finalement raison de ton corps qui s'écrase doucement le long des rues désertes. Alors les yeux rivés vers ce qui te semblait si haut, tu as fait de toi des étages incrustés de bétons où les derniers soupirs des tes joies s'envolent dans un accès bruyant de train perdu en gare.
« Tu rêvais de voyage, d'hommes et de femmes où l'âge d'or ne brûle pas les ombres en réveillant ceux qui dorment sous ta peau. »
Ainsi tu penses être famille et refuge à celui qui recule en ne laissant que d'obscurs grillages au fond du cœur; Tu t'imposes contraste prude d'une ville en feu où les esprits fragiles s'égarent pour finir en tes bras comme les insectes au bord de nos cafés.
Aujourd'hui on ne compte plus les hommes qui ont fini par faire de leur corps tes murs, les femmes tes fenêtres par lesquelles tu t'adonnes à voir courir le temps aux rues sur de trop longs silences, et les rires des enfants, débris de jaune et de crasses, jetés par dessus bords pour qu'ils boivent la tasse et vomissent le monde.
Puisqu'il fallait bien mourir quelque part et que les routes sont toujours un peu plus les mêmes, j'irai purger des murmures égards tel un corps oublié marchant à la dérive, afin de joindre ma voix aux cent qui souffrent sur tes murs.
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