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Je m'en vais vous voir ...
Je m’en vais vous voir…
Faut-il crier ? Faut-il rêver ?
Crions, puisqu’il y a tant de mots pour me quérir,
Crions, puisque la mort se rie de nous, satires !
Voici le jour ! Lorsque s’arrache l’innocence de mes nuits ;
Sans richesse à mes mains, monument,
Ni baisers ni sourires je m’endors incompris,
Imposant ma nature à votre sein, souffrant.
Ah ! Qu’il s’avance, celui dont le nom n’est clamé,
Boiteux, fourbe et pourtant fier à mes yeux accablés,
C’est d’un risible qu’un jour il me nomma trophée.
Le cygne s’est fait blanc irrigant ma pitié,
Et mon art s’est vêtu de fleurs décolorées,
Et ma vie s’est vue en ces heures à regards détournés,
Jugée dans un miroir pour ce qu’il y en avait à pleurer.
Qu'est-ce donc que des heures pour valoir qu'on les décompte ?
A la fane de ma vie comme à la résistance d’une main brandie,
De celles qui viennent à celles qui s’en voient finies,
Déteignant sur vos gestes l’amour que vous m’aviez proscrit.
D’aucune notes mes rêves un jour se sont vus joués,
Pour qu’encore aujourd’hui mes cordes en soient rouillées ;
Mêlée aux bruits des eaux, ma complainte se vit noyée ;
Fatale ! Et je me meurs d’avoir trop aimé,
Laissant place à l’écho d’un nom pour s’en voir épuré.
Il n’est plus du temps où, rayonnant de prospérité,
Notre amour s’embrasait à voir l’or détrôné,
Crépitant au coin du feu ces mille mots exagérés.
Et nous avons dansé pendant ces heures folles,
(Ou n’était-ce qu’un plaisir ivrogne ?)
Donnant à la mort une gloire moins frivole,
Peignant les souvenirs d’une tranquillité qui s’envole.
Je m’en vais vous voir … mère
Ainsi le feu du ciel tombera sur la bruyère.
Faut-il crier ? Faut-il rêver ?
Crions ! Puisque le rêve n’est qu’un silence à renaitre,
Crions ! Crieront-ils ? Peut-être …
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