• Critique du livre Il fut un temps... l'ailleurs, par Cathy Gracia [La cause littéraire.]

     
     

    Il fut un temps ... l'ailleurs, Damien Corbet

     

    Il fut un temps ... l'ailleurs, Damien Corbet
     
     

    Alors il y a quelque chose qui m’a intriguée dès les premières pages du livre, c’est l’âge de l’auteur. Né en 1991, est-il indiqué en quatrième de couverture, soit à peine 20 ans et cette écriture pourtant dénonce un vécu de plusieurs vies déjà, quelque chose qui tiendrait du juif errant imbibé de beatnik ! Etrange recueil oui, qui nous entraîne en divers lieux dans un défilé chronologique, d’abord comme à travers le prisme d’anciens clichés que l’auteur aurait retrouvés dans une vieille malle voyageuse ou quelques tableaux dénichés chez un antiquaire… Cela commence à « Rio de Gens’héros », le 1er janvier 1750 :

     

    Sur les tambours pulpeux du visage des hommes, les femmes lançaient l’envie d’un mouvement de bassin. Il y avait des jeunes à qui l’on conte l’amour comme le plus beau des sacres, qui couraient dans les rues, le cœur au bout d’une canne à pêche.

    Puis Saint-Pétersbourg en 1763 :

    Il est 16 heures et le ciel tombe déjà. On oubliait les places les jours de pendaison, on oubliait les virtuoses funambules, un cheveu sur la langue, et l’on laissait la scène aux astres, se pendant aux cordes d’un tableau sinistre ; le soir est un spectacle.

     

    Et Belle-Ile où le 27 mai 1823, « Sur le quai, lorsque le vent soufflait et chantait, coincé aux creux des pierres, il y avait une femme qui courait après son châle et son châle après le vent ».

     

    Au gré de la lecture, nous remontons donc le temps, de port en fête, de guerre en défaite, et attrapons le tournis du vent et de la valse, d’images en images nous tournoyons, un peu hagards, traversés de foudres poétiques d’une maturité évidente.

     

     

    Les murs crachent le jour comme un appel à l’aide puis s’étouffent au clair de lune. Les hommes s’étendent, certains pendus, valsant aux mélodies du vent, et d’autres s’arment de cordes pour faire tomber le ciel.

     

     

    Après Singapour 1892, Minnesota 1905, le Paris occupé de 1944 et d’autres lieux encore, nous retrouvons presque avec soulagement le quai du présent où nous pourrons, pensons-nous, rencontrer enfin cet auteur prodige qui déjà nous disait, le 14 décembre 1999, « Bienvenue dans ma chambre».

     

    Mais non ! Ne voilà t-il pas que le temps nous dépasse, et sans reprendre souffle, 2010, 2045, 2096 et puis à nouveau Singapour, 1992, Ephèse 1956, Marrakech 1820, avec la sensation de courir après l’auteur qui lui-même erre, navigue, valse contre le sein des femmes, « femmes des rues, femmes du monde » qui ne sont peut-être qu’une seule et même…

     

    Se retrouver face à une femme, c’est être retenu en éveil par une énigme.

     

    La suite sur : http://www.lacauselitteraire.fr/il-fut-un-temps-l-ailleurs-damien-corbet


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