• C'était avant la houle, que ballottaient les cœurs...


    Sur un vieux port où le silence dansait seul dans la brume, on voyait quelques mouettes perchées le bec ouvert comme un vieux projecteur jouant avec ces vieilles histoires d’amour et de joie qu’on laisserait consumer comme une sèche sur un quai.
    Il y avait des femmes qui séchaient leurs larmes aux creux des bras des matelots tandis que d’autres, au loin, s’en allaient le regret sur une photo pliée au font d’une poche, n’ayant vus qu’eux, n’ayant dit pour seul mot...moi, sans voir leur revenir. De jeunes fils, du bout de leur béret qui leur tombait au bord des yeux, se disaient déjà… papa, en preuve d’être fait l’un par l’autre. De jeunes filles dansaient, voilant sous leur chapeau d’adieu, ces quelques pleurs qui coulent les navires lorsque l’espoir vise ailleurs. L’amour est éphémère lorsque l’homme part en mer et qu’à la quête de sirènes, sa femme reste sur terre. C’était il y a trente ans, lorsque les allées noires qui bordaient la mer, voguaient quant à l’idée de voir un nouveau jour, resplendissaient comme ces prières piquées dans un bouton, noyées… comme un uniforme à la mer.
    Et dans les bars, les visages s’effaçaient sous les nuages d’une cigarette, comme une houle se disant preuve du bon temps sur fin de bande, lorsque les sourires déteignaient. C’était ici qu’avaient fleuris les cœurs mais pourquoi, tout n’a-t-il pas encore disparu, pourquoi…
     




    © Damien Corbet -Tous droits réservés.


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  • La valse de Juliette ou, le blues du wagon.


    C’était avant la guerre
    Peut-être même demain
    Peut-être…
    C’était avant-hier
    Avant… nous aurions pu
    Nous aurions dû
    Nous séparer
    Sans même savoir pourquoi
    Avant minuit
    Sans aiguilles dans les yeux
    Juste sensé
    Saisir la chance
    D’avoir été
    Sans même savoir…
    Était-ce peut-être
    Hier
    Pour nous laisser une chance
    D’avoir été
    Deux
    Au font des bras
    Sans même se connaître
    C’était
    Avant-hier
    Peut-être même demain
    Peut-être
    Trop tard
    D’avoir compris
    Qu’il était bien trop tôt
    Pour te laisser partir
    Là-bas
    Ou je n’ai vu que moi
    Que toi
    Là-bas
    Peut-être trop…
    Perdue
    Peut-être
    Sera-t-il trop tard
    Mais l’on comprend toujours
    Sans même savoir
    Ce qui viendra demain
    Lorsque l’on n’est victime
    De moi
    De toi,
    Lâcher ta main
    Sans trop… savoir pourquoi,
    Et te laisser partir,
    Là-bas...
    Pour nous laisser une chance,
    et puis venir voir..
    Hier,
    Pour nous offrir
    Demain

    ...


    Peut-être…

     



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  • Janvier 2010. Anecdote, platitude et tralala... (Je ne posterai pas la suite, histoire de la garder pour le recueil... donc extrait.)

     

    (Photo de Jose Almeida et Maria Flores )

    J'aimerais me persuader qu'il existe un ailleurs sans divines saintetés ni célestes tyrans, seulement le vide. Un grand banc blanc où l'horizon du rien s'étend dans le silence. Une grande mer sans eau ni vagues, sans drap cendré ni voile d'émotion lorsque le temps s'accorde au temps.
    Un grand plateau décoloré sans croyances ni religions. Rien.
    Se taire lorsqu'enfin il y a tant à dire, puis finalement, s'asseoir la tête au fond des mains. Attendre la marée, confondre la gauche, la droite, pour aller de l'avant sans rien attendre et se noyer d'ennui...sur un retour arrière.
    J’aimerais me persuader qu’il existe un ailleurs… sans chiendent dans la bouche, sans aboiement muets ni houle dans la gorge, lorsqu’un ciel sans voyages s’amarre à mes pas...


    _________________

    (Photo de Jose Almeida et Maria Flores )


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  • " L'amour est un baiser qu'on laisse faner aux coins des lèvres lorsque l'automne est sans mémoire..."

     

     

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  • Constance


    *Welcome to the Masquerade…*


    On voit la lune pendre au plafond et la folie s’étendre et se dénouer des jupons.
    Il y avait du rouge et des dentelles, des hirondelles vermeilles baladant le beau temps.  Les rondes se faisaient fines le temps d’une danse et les coups s’élançaient d’un pas, d’une demi-mesure pour se perdre aux fantaisies d’une robe valsée d’émoi. Certains chantaient sans rien comprendre et d’autres fumaient, accompagnant du pied ces gracieuses femmes qu’importe leur aisance. Alors il y avait Constance dans les mains qui se posaient aux hanches, les doigts fiévreux lorsque leurs lèvres s’accommodaient des circonstances. Au fond de ses yeux verts s'y retournait le temps, s'y retournait nos têtes pour y trouver raison...Il y avait constance, dans la danse comme dans les bras, dansée, danser puis s’achever d’un baiser contre-pas…
     

    (Tableau de CLAUDE BORDAT)

     
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